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Investir dans l'IA : bulle ou opportunité ?
En route vers une autre bulle "tech" ?
Bonjour à tous,
Ici Pierre Maynial, alias Monsieur Capital, banquier repenti.
Deux semaines sans newsletter, ce n'est pas dans mes habitudes. Mais pour de bonnes raisons : la semaine dernière, j'étais au salon Patrimonia à Lyon pour échanger avec mes pairs sur les grandes tendances du marché. Et depuis la rentrée, beaucoup d'entre vous m'ont confié la gestion de leur patrimoine, un honneur que je prends très au sérieux.
Mais aujourd'hui, revenons à un sujet essentiel : l'intelligence artificielle.
Depuis un an, elle a propulsé certains portefeuilles. Nvidia a doublé, Microsoft poursuit sa hausse, les ETF thématiques surperforment. Mais une question revient de plus en plus souvent dans vos messages : jusqu'où peut aller cette dynamique ?
Sommes-nous face à une révolution durable ou à une euphorie qui va se corriger ? C'est la question à 4.600 milliards de dollars.
Décryptons cela ensemble.

Ici, lors de mon déplacement à Lyon, pour assister au salon Patrimonia
Mars 2000 : Cisco atteint 550 milliards de dollars de capitalisation, avec un PER dépassant 120 pour des bénéfices quasi stagnants.
2025 : Nvidia frôle les 4.600 milliards, affiche un PER autour de 50, et voit son chiffre d'affaires bondir de +265 % en un an, son bénéfice net multiplié par 7 pour dépasser 29 milliards.
La comparaison est saisissante : Internet 2000 était une promesse désincarnée. L'IA 2025 génère déjà des flux de trésorerie massifs.
La leçon de la bulle Internet Durant l'euphorie de la bulle technologique de la fin des années 1990, les investisseurs misaient sur des entreprises déficitaires dont le modèle économique restait hypothétique. La correction a été brutale : l'indice Nasdaq a perdu 78 % entre mars 2000 et octobre 2002.
Pourtant, les rares investisseurs qui avaient identifié les futurs dominants — Amazon, Google, eBay — et supporté la volatilité ont vu leurs positions se transformer en fortunes. Amazon a par exemple chuté de 95 % (et frôlé la faillite) avant de devenir l'un des géants mondiaux.

Tirés par les champions de la tech, les niveaux de valorisations de la bourse inquiètent certains (ici le PER du MSCI Monde)
Aujourd'hui, le contexte diffère radicalement : les leaders de l'IA sont déjà ultra-rentables
Microsoft : 102 milliards de bénéfices annuels, Azure en croissance de +30 %
Nvidia : marge nette supérieure à 50 %, positionnement quasi-monopolistique sur les GPU d'entraînement
Alphabet : 30 milliards investis annuellement dans l'IA, rentabilité opérationnelle de 25 %
De manière générale, les grands acteurs de l'IA sont adossés à des géants aux finances très solides.
Ce n'est plus une spéculation déconnectée des fondamentaux, mais une révolution industrielle portée par des bilans solides et une demande structurelle.
Trois échelons de création de valeur
1. Les infrastructures et data centers : Microsoft, Amazon, Google
Ils monétisent la puissance de calcul via le cloud. Position défensive, revenus récurrents, visibilité forte.
2. Les fabricants de semi-conducteurs : Nvidia, AMD, TSMC, ASML
Les nouveaux barons de l'or numérique. Marges colossales, mais exposition cyclique et risque de surcapacité à moyen terme.
3. Les modèles et applications : OpenAI (Microsoft), Anthropic, Mistral
Potentiel disruptif majeur, mais modèle économique encore en construction. Forte consommation de cash, risque d'exécution élevé.
Comme en 2000, ceux qui vendent les pelles et les pioches captent l'essentiel de la valeur à court terme.
A noter que l'excellent fonds Comgest Monde, géré par mon ami Alexandre Narboni, privilégie cette approche avec des positions importantes dans TSMC et Microsoft et aucune position dans Nvidia par exemple.
Bulle ou opportunité ?
Je prends position : c'est une vraie opportunité, mais avec lucidité.
Les valorisations sont tendues — aucune contestation là-dessus. Mais elles sont adossées à une croissance réelle des profits, contrairement à 2000. En 2000, la tech cotait 80 à 100 fois des profits inexistants. En 2025, les leaders de l'IA cotent 30 à 40 fois des bénéfices en forte expansion.
Les risques existent néanmoins :
Une surcapacité dans les data centers pourrait peser sur les marges
Une régulation plus agressive (notamment en Europe et en Chine)
Un ralentissement macroéconomique affectant les budgets d'investissement corporate
Ignorer cette révolution serait comme avoir ignoré Google en 2004. La sur-concentrer serait tout aussi dangereux.
Ma conviction d'allocation
L'IA doit figurer dans un portefeuille diversifié, mais avec discipline :
Pas d'exposition unique sur une valeur, aussi séduisante soit-elle (même Nvidia)
Privilégier une diversification via ETF thématiques ou positions sur les géants rentables (Microsoft, Google, Amazon)
Intégrer les bénéficiaires indirects : cloud, cybersécurité, semi-conducteurs mémoire
Maintenir une poche défensive pour saisir les corrections et rééquilibrer
L'histoire ne se répète jamais à l'identique, mais elle rime souvent.
Et vous, quelle est votre lecture ? Bulle spéculative vouée à l'éclatement, ou opportunité générationnelle comparable à l'Internet des années 2000 ?
Répondez-moi directement, j'apprécie toujours vos retours. Et si vous souhaitez structurer une allocation patrimoniale équilibrée, adaptée à vos objectifs et à votre tolérance au risque, parlons-en.
À très bientôt,
Pierre Maynial alias Monsieur Capital
Conseiller en Investissement Financier (n° ORIAS : 25006327)
PS. restons connectés :
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