• Monsieur Capital
  • Posts
  • Les "petites" actions : un relais de croissance pour vos investissements ?

Les "petites" actions : un relais de croissance pour vos investissements ?

Profitez du potentiel de croissance des Small & Mid Caps sans vous brûler les ailes

Bonjour à tous,

Ici Pierre Maynial, alias Monsieur Capital.

Aujourd’hui, je voudrais vous parler des petites et moyennes capitalisations boursières (small caps et mid caps). Beaucoup d’entre vous m’ont récemment demandé si, compte tenu de leurs valorisations plus faibles, c’était le bon moment pour y investir. Commençons déjà par clarifier ce dont il s’agit.

1. Petites, moyennes et grandes capitalisations : qu’est-ce c’est ?

  • Large caps (grandes capitalisations) : Généralement des entreprises dont la valeur boursière dépasse 10 milliards d’euros. Certaines franchissent même plusieurs centaines de milliards (ex. LVMH) ou plus d’un trillion pour des géants comme Apple ou Nvidia.

  • Mid caps (moyennes capitalisations) : Entre 2 et 10 Mds € de capitalisation (les seuils varient selon les indices). Ce sont des sociétés moins “réputées” mondialement mais souvent solides et bien implantées.

  • Small caps (petites capitalisations) : Moins de 2 Mds €. Souvent des entreprises spécialisées ou en forte croissance.

Pourquoi s’y intéresser ?

Les small et mid caps présentent parfois un potentiel de rendement plus attractif, surtout lorsque les large caps affichent des valorisations élevées. Toutefois, ce segment reste souvent délaissé par les investisseurs en raison de sa volatilité et de sa liquidité plus faible.

2. Performances récentes plus faibles

Aux États-Unis

Depuis 2018, on observe un retard marqué des cours de bourse des mid/small caps face aux grandes entreprises :

  • S&P “mid cap” 400 : +68,8%

  • S&P “small cap” 600 : +52,9%

  • S&P 500 (large cap) : +126,9%

  • S&P 500 (hors tech) : +84,3%

Remarque :

Le S&P 500 est dominé par la tech (~32 % de l’indice), incluant les “7 magnifiques” (Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet, Meta, Tesla, Nvidia). Le Mid Cap 400 concerne ~400 entreprises de taille intermédiaire. Le Small Cap 600 recense les plus petites valeurs éligibles aux standards S&P.

Même en retirant la puissance du secteur technologique, les small et mid caps restent loin derrière.

Voici une synthèse des performances :

Performance US, sans dividende (janvier 2018 - février 2025)

En Europe, L’écart de performance mid/large est un peu moins prononcé qu’aux États-Unis, mais il existe :

  • MSCI Europe Mid : +50,3%

  • MSCI Europe Small : +12,6% (seulement !)

  • Stoxx Europe 600 (principalement large caps) : +65,1%

Dans ce cas, les chiffres incluent les dividendes (nets et réinvestis). On voit donc un net décrochage des small caps, particulièrement en Europe, où la taille moyenne des entreprises est souvent plus petite qu’aux États-Unis.

Performance Europe, dividendes nets réinvestis (janvier 2018 - février 2025)

3. Des valorisations plus basses

Pour juger de la « cherté » des entreprises, on utilise souvent le Price Earning Ratio (PER), qui compare le cours d’une action à ses bénéfices annuels (actuels ou futurs).

Actuellement, le PER (sur bénéfices estimés à 12 mois) donne :

  • S&P 500 : ~22,5× (au-dessus de sa moyenne 10 ans : 20,0×)

  • S&P 500 équipondéré : ~17,8× (en-dessous de sa moyenne 10 ans : 19,5×)

  • S&P Mid Cap 400 : ~16,8× (vs. 20,0× sur 10 ans)

  • S&P Small Cap 600 : ~16,5× (vs. 22,5× sur 10 ans)

Voici un résumé des PER et des écarts de valorisation :

PER futurs 12 mois et écarts de valorisation (US et Europe)

Conclusions :

  • En moyenne, le S&P 500 se paie +34 % plus cher que le Mid Cap 400 et +36 % plus cher que le Small Cap 600.

  • En revanche, le S&P 500 équipondéré (où chaque entreprise a le même poids, diluant la puissance du secteur tech) se paie « seulement » +6 % à +8 % de plus par rapport aux indices mid/small.

  • Historiquement, on apprenait que les petites valeurs affichaient un fort potentiel de croissance, ce qui justifiait souvent un PER plus élevé que celui des large caps. On constate aujourd’hui l’inverse.

    • Par conséquent, le PER des small/mid caps est beaucoup plus bas que la moyenne 10 ans. Alors que le PER des large caps est davantage aligné avec la moyenne historique.

De plus, les valeurs européennes sont globalement 19 % à 24 % moins chères que les américaines (voire 38 % si on prend en compte le S&P 500, avec sa surpondération tech).

Mais alors, le fait que les small/mid soient moins chères signifie-t-il forcément « bonne affaire » ? Pas toujours. Il y a des raisons à ces écarts.

4. Pourquoi un tel écart de performance ?

Raison n°1 : Perspectives de croissance plus fortes chez les large caps

  • La tech représente 32 % de l’indice S&P 500, offrant des perspectives de croissance élevées.

  • Les mid/small caps US, elles, sont plus exposées aux secteurs “traditionnels”, aux perspectives de croissance plus limitées. Par exemple, l’industrie et la finance représentent 37% du S&P midcap 400 et 38% du S&P smallcap 600, contre 21% pour le S&P 500 (voir illustration ci-dessous)

Composition sectorielle des indices US

Raison n°2 : La résilience des grandes capitalisations

  • Elles sont moins sensibles aux hausses de taux et aux chocs macroéconomiques locaux et régionaux.

  • Elles possèdent des bilans solides, des marques visibles et un pouvoir de marché élevé, notamment pour protéger leurs prix et leurs marges, à la différence des plus petites entreprises.

Raison n°3 : Moins d’IPO prometteuses en small /mid

  • Depuis 20 ans, le fort développement du capital-risque (VC) et du private equity (PE) a asséché les introductions en bourse de nombreuses « pépites » à fort potentiel de croissance. Ces jeunes sociétés restent plus longtemps dans le giron des investisseurs privés, et n’entrent en bourse qu’à un stade plus avancé de leur développement.

  • J’ai récemment lu un parallèle intéressant avec la théorie de la sélection adverse (de George Akerlof), comparant les introductions en bourse au marché des voitures d’occasion. Comme les meilleurs véhicules (qui entrent plus rarement sur le marché de l’occasion), les jeunes pousses prometteuses sont souvent conservées en private equity. Tandis que les entreprises au potentiel plus incertain finissent par se coter en bourse plus tôt.

Raison n°4 : Marchés small/mid peu « efficients », surtout en Europe

  1. Les indices small (et mid, dans une moindre mesure) sont parfois plombés par un nombre élevé de valeurs peu connues et aux perspectives de croissance très incertaines.

  2. Du coup, certains fonds actifs réussissent à dénicher des "pépites" méconnues et surperforment nettement. Exemple : Indépendance & Expansion (small caps européennes) qui bat régulièrement le MSCI Europe Small.

Voici un aperçu des performances de ce fonds par rapport à son indice de référence (le MSCI Europe Small), lors des 5 dernières années.

Performance 5 ans du fonds actif “Indépendance et Expansion - Small (I)” - Source : Quantalys

5. Faut-il investir quand même dans les small et mid caps ?

Réponse courte : Oui, à condition de comprendre les risques et la volatilité.

  • Diversification : Les small/mid caps sont souvent peu corrélées aux grandes capitalisations. Cela peut équilibrer un portefeuille à long terme. Toutefois, il est judicieux de limiter leur part (ex. 10 % des actions) à cause de la volatilité plus élevée.

  • Stratégie indicielle ?

    • Aux US, Les marchés small/mid y sont plus liquides et “efficients”, donc investir via le Russell 2000 (small) ou le S&P 400 (mid) en ETF peut se faire… tout en gardant à l’esprit la plus grande volatilité.

    • En Europe, on peut cibler un ETF MSCI Europe Mid, mais à “petite dose”. Le segment est moins couvert, plus volatil. Pour les small caps, c’est encore plus délicat (marché peu liquide, “pollué” par des entreprises médiocres), comme l’illustre leur très faible performance des dernières années.

Voici un tableau de synthèse des opportunités d’ETF small/mid caps, avec mon opinion sur le degré d’opportunité que représentent ces indices :

Tableau de synthèse des opportunités

  • Stratégie active ?

    • En Europe, un fonds actif spécialisé small/mid est souvent plus efficace. Un bon gérant peut apporter une réelle valeur ajoutée en sélectionnant les entreprises les plus prometteuses.

Quel est votre avis ?

  • Vous êtes tentés par la “décote” des small/mid caps ?

  • Vous avez déjà une partie de votre portefeuille sur ces segments ?

N’hésitez pas à partager vos retours par email.

Bon week-end à tous !

Pierre Maynial, alias Monsieur Capital

Les informations disponibles dans ce message sont à but éducatif et ne constituent pas des conseils d'investissements personnalisés au sens du Code Monétaire et Financier