- Monsieur Capital
- Posts
- Défiscaliser, oui... mais à quel prix ?
Défiscaliser, oui... mais à quel prix ?
Livret A, PEA, Assurance-vie : la face cachée de la réduction d’impôts

Bonjour à tous,
Ici Pierre Maynial, alias Monsieur Capital.
Il est probable que ce que je vais vous dire aujourd’hui ne viendra pas de votre banquier. Pourquoi ? Parce qu’un sujet qui touche directement la rémunération de la banque n’est pas toujours abordé en toute transparence.
En France, la réduction d’impôts est un sport national. Avec un niveau de prélèvements obligatoires parmi les plus élevés d’Europe, on cherche naturellement à alléger la facture fiscale dès que possible. C’est dans cet esprit que les “enveloppes fiscales” (Livret A, assurance-vie, PEA, PER, etc.) connaissent un immense succès, en offrant différents avantages (exonération d’impôts, déduction fiscale, etc.).
Mais… toutes les solutions qui promettent de payer moins d’impôts ne sont pas forcément à prendre les yeux fermés. Il existe souvent des contreparties : frais supplémentaires, catalogue d’investissements limité, incitations à surinvestir dans des catégories moins performantes, etc. Faisons le point !
1. Les avantages réels des enveloppes fiscales

Les taux de détention et les encours importants illustrent le fort succès des principales enveloppes fiscales
Livret A et livrets réglementés
Intérêts 100% exonérés d’impôts et de prélèvements sociaux.
Popularité record : plus de 96% des Français en détiennent.
Parfait pour l’épargne de précaution, en attendant un projet à court terme.
PEA (Plan d’Épargne en Actions)
Après 5 ans, exonération d’impôt sur le revenu sur vos plus-values et dividendes (restent seulement 17,2% de prélèvements sociaux).
Tant que vous ne clôturez pas votre PEA, vous ne payez ni impôts ni prélèvements sociaux sur vos gains. C’est un véritable atout pour optimiser votre trésorerie.
Assurance-vie
Après 8 ans, vous bénéficiez d’abattements et d’une fiscalité réduite (gains taxés à 17,2% + éventuelle économie de 12,8% d’impôts).
Idéal pour préparer un projet à long terme ou transmettre un patrimoine (fiscalité allégée en succession).
PER (Plan d’Épargne Retraite)
Les versements sont déductibles de vos revenus imposables (jusqu’à 10 % de vos revenus, dans la limite de certains plafonds).
Très intéressant si vous anticipez une baisse de vos revenus à la retraite, vous serez alors moins imposé lors des retraits.
2. Les défauts à ne pas négliger
Le Livret A : un rendement (souvent) en dessous de l’inflation
Sur les 10 dernières années, le Livret A a rapporté environ +14,0% quand l’inflation a augmenté de +20,9%.
Bilan : vous perdez du pouvoir d’achat.
Il existe des alternatives plus rémunératrices (ETF ou fonds monétaires) même si elles ne sont pas défiscalisées.

Evolution comparée d’un placement de 1.000€ sur un Livret A et du coût de la vie entre 2014 et 2024. (1.209€ de 2024 a le même pouvoir d’achat que 1.000€ en 2014)
Le PEA : la contrainte de l’investissement en actions européennes
Son avantage fiscal est top (pas d’impôt sur le revenu après 5 ans), mais :
Il bloque vos fonds si vous ne voulez pas perdre vos avantages (tout retrait avant 5 ans entraîne la clôture).
Il vous incite à privilégier les actions européennes (même s’il existe des fonds “synthétiques” pour contourner la restriction géographique).
Or, si on compare la performance du CAC 40 (+6,8% par an sur 2005-2024) à celle du S&P 500 (+12% par an), l’écart est net. Trop se concentrer sur l’Europe, c’est passer à côté de la croissance ailleurs.

Sur 20 ans, les indices boursiers européens ont sous-performé la très grande majorité des indices internationaux
L’assurance-vie : des frais qui peuvent grignoter le gain fiscal
Vous devez souvent choisir parmi des fonds imposés par l’assureur, avec des frais annuels élevés (entre 1,5% et 3,0%/an pour certains OPCVM).
Vous payez en plus des frais d’enveloppe (souvent 0,5% à 1%/an).
Exemple : Sur un placement à 6% par an, 1% de frais représente 16,7% de votre performance ! C’est parfois plus que l’économie d’impôts potentielle (12,8%).
Conclusion : s’il existe un compte-titres plus compétitif (même s’il est fiscalisé “plein pot”), il peut parfois s’avérer plus rentable.
Le PER : intéressant si vous prévoyez de gagner moins à la retraite
Vous déduisez vos versements maintenant… mais paierez des impôts lors du déblocage.
Si vous percevez des revenus moindres à la retraite, le PER est gagnant. Si vos revenus restent stables ou augmentent, attention aux mauvaises surprises.
Veillez à ne pas surinvestir dans votre PER, car à la retraite, lorsque votre capital sera débloqué, la facture peut être salée (surtout si vous êtes déjà imposé dans des tranches marginales hautes, à 41% ou 45%).
En passant en revue les PER de mes clients, j’ai découvert des conditions exécrables. Exemple récent : un PER SwissLife facturant 0,96% de frais annuels, associé à des OPCVM à 2,61% de frais de gestion. Au total, 3,57% de frais par an : comment espérer faire fructifier son épargne dans ces conditions ?

Les frais totaux ont grignoté 34% de la perfomance des placements sur ce PER SwissLife.
A quoi bon investir dans de telles conditions ?
3. Comment optimiser ces enveloppes
Combinez Livret A et compte-titres
Conservez le Livret A pour l’épargne de précaution et les projets très courts termes.
Pour le surplus, envisagez des placements plus performants (ETF monétaires ou obligataires, par exemple).
PEA : favorisez des fonds diversifiés
Profitez pleinement de l’avantage fiscal du PEA, mais cherchez des ETF “monde” (souvent synthétiques) pour éviter la surconcentration en Europe.
L’objectif : profiter de la dynamique globale tout en limitant le risque de sous-performance.
Choisissez avec soin votre assurance-vie
Comparez les contrats pour minimiser les frais (frais d’entrée, frais de gestion, frais sur unités de compte).
Vérifiez le catalogue d’investissement : privilégiez des unités de compte (UC) qui vous plaisent vraiment (ETF, SCPI, fonds sectoriels, etc.).
Faites le point sur vos objectifs de transmission patrimoniale : l’assurance-vie reste imbattable en matière de succession.
Le PER : optez pour la déduction si vous êtes fortement imposé ou si vos revenus sont irréguliers
Il faut miser sur une baisse de vos revenus à la retraite pour que l’opération soit gagnante.
Sinon, envisagez d’autres solutions (PEA, assurance-vie, compte-titres) plus flexibles.
Si vous êtes entrepreneur ou si vos revenus varient fortement, le PER peut vous aider à “lisser” votre revenu imposable grâce à la déduction fiscale de vos versements.
Gardez en tête : le plafond de déduction correspond généralement à 10% de vos revenus annuels.
En résumé, le PER n’est pas à bannir, mais il faut choisir un bon contrat et bien anticiper votre niveau d’imposition à la retraite. Prenez le temps de comparer les frais, et surtout, demandez-vous si le gain fiscal d’aujourd’hui ne vous coûtera pas trop cher demain.
Conclusion : Il n’y a pas de repas gratuit

In finance, there’s no such thing as a free lunch
Souvent, ce que l’on vous donne d’un côté (réduction d’impôts) est au moins partiellement repris de l’autre (frais, contraintes, choix limités, etc.). Il ne s’agit pas de fuir ces enveloppes fiscales — elles sont excellentes dans bien des cas — mais de les choisir en pleine connaissance de cause.
Si vous cherchez à défiscaliser à tout prix, posez-vous la question :
Quel est le coût réel ? (frais, rendement potentiellement plus bas, disponibilité de l’argent…)
Quelles sont mes alternatives ? (compte-titres ordinaire, PEA, etc.)
Certains produits “miracles” peuvent cacher un surcoût important ou une performance décevante. Un bon exemple ? L’immobilier “Pinel” : une réduction d’impôts d’un côté… mais souvent un achat 30% à 40% trop cher de l’autre.
En bref, ne vous laissez pas aveugler par la promesse de payer moins d’impôts. Comparez, lisez, posez vos questions, et choisissez la stratégie adaptée à votre situation.
Et maintenant, pensez-vous que votre stratégie fiscale est optimale ?
Si vous avez besoin d’aide pour mettre construire une stratégie optimale pour vos placements, contactez-moi ! Nous pourrons en discuter lors d’un rendez-vous.
Merci de m’avoir lu jusqu’ici et bon week-end à tous !
Pierre Maynial, alias Monsieur Capital
Les informations disponibles dans ce message sont à but éducatif et ne constituent pas des conseils d'investissements personnalisés au sens du Code Monétaire et Financier.