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La France perd un "A" – Que faire côté investisseur ?
Comment encaisser les à-coups politiques français
Bonjour à tous,
Ici Pierre Maynial, alias Monsieur Capital, banquier repenti.
Vous l'aurez peut-être remarqué : je vous envoie cette newsletter avec un jour de retard... le temps de lire les conclusions de Fitch. J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop.
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Un "A" de moins pour la France.
Mais toujours aucune envie de corriger la copie.
Vendredi soir, l’agence Fitch a rétrogradé la note de la dette française de AA- à A+.
Un petit cran en apparence.
Mais un signal clair que les marchés, eux, avaient déjà intégré depuis longtemps.
Depuis plusieurs mois, la France emprunte déjà à des tauxplus élevés que l’Espagne ou le Portugal, pourtant notés plus bas.
Et les investisseurs traitent notre dette comme celle d’un paysBBB+(soit 4 à 5 crans en dessous de notre note officielle).
Cette dégradation ne change donc pas la donne brutalement, mais elle confirme un basculement progressif, qui devrait nous alerter.

Pourquoi Fitch dégrade la France ?
Ce n’est pas un caprice.
C’est le constat froid que notre trajectoire budgétaire n’est plus crédible.
Depuis l’échec de la dissolution en 2024, nous avons connu 3 gouvernements en un an, sans majorité pour engager de réformes sérieuses.
Le déficit reste à 5,4 % du PIB, le plus élevé de la zone euro.
Et aucune mesure concrète n’est en place pour revenir sous les 3 % avant… 2029.
Fitch parle d’instabilité politique chronique et d’incapacité à maîtriser la dépense publique.
Et pendant ce temps, dans le débat public, on continue d’entendre :
« La dette ne se rembourse pas »
« Les riches paieront »
« Les marchés sont accros à la dette »
… comme si la démographie, la productivité et les taux d’intérêt obéissaient à nos slogans.
Ma conviction personnelle
Notre modèle social est admirable, mais infinançable dans sa forme actuelle.
Et chaque année d’inaction alourdit la facture.
La charge de la dette :
67 milliards cette année.
Plus de 100 milliards d’ici 2029 si rien ne change.
Autant d’argent qu’on ne mettra pas dans la santé, l’éducation, la transition énergétique ou la défense.
Et côté investisseur ? Que faire ?
Rassurons-nous : pas de panique à court terme.
La France reste un grand pays, membre de la zone euro, avec une économie solide.
Mais certains signaux doivent nous faire ajuster notre stratégie de long terme.
1. Diversifier au-delà de la France
Si votre portefeuille est très centré sur des actions françaises, il est peut-être temps de rééquilibrer.
La France représente moins de 3 % des marchés mondiaux. Pourquoi y être surexposé ?
En clair, pour limiter son exposition aux actions françaises, on peut considérer des ETF MSCI Monde, MSCI pays émergents et Stoxx Europe 600, pour mieux encaisser les à-coups politiques français.
2. Alléger les obligations souveraines françaises
Surveillez la composition de vos fonds obligataires et, en particulier, la part d’obligations d’État françaises.
A priori vos fonds Euros sont garantis par votre assureur. A moins de croire au scénario du pire, je ne m'inquièterais pas outre mesure de ce côté-là. Certains fonds euros ne sont exposés qu'à hauteur de 10% en obligations souveraines françaises. Donc le choc pourrait être contenu. Si, malgré tout, vous êtes inquiet, renseignez vous sur les "réserves" disponibles de votre fonds, un vrai amortisseur en cas de crise. J'en parlerai une prochaine fois.
La hausse des taux + la dégradation progressive de la note = un cocktail qui peut peser sur leur performance.
Personnellement, j’ai tendance à privilégier des fonds obligataires :
diversifiés géographiquement
avec une part importante d’obligations d’entreprises
à maturités courtes à moyennes (moins sensibles aux variations des taux d’intérêts)
3. Préparer le terrain pour l’inflation structurelle
Une dette non maîtrisée peut finir par générer de l’inflation indirecte, par effet monétaire ou fiscal.
Cela justifie de continuer à se couvrir partiellement via :
des actifs réels (immobilier, matières premières, or),
des actions de qualité avec un « pricing power » (santé, tech, énergie),
et une diversification en devise (dollar, franc suisse, etc.)
4. Rester calme, mais lucide
Ce genre d’événement n’appelle pas à tout vendre.
Mais il nous oblige à avoir une stratégie claire, multi-actifs, diversifiée, solide en cas de turbulence.
En résumé
La France n’est pas en faillite.
Mais elle recule doucement sur les radars des investisseurs internationaux.
Et quand on recule, on n’attire plus les capitaux.
Ou alors, on les attire à un prix bien plus élevé.
En tant qu’investisseur, l’enjeu n’est pas de parier pour ou contre la France.
Mais d’avoir un portefeuille qui résiste, quoi qu’il arrive à Bercy ou à l’Assemblée.
Si vous avez aimé cette analyse, pensez à la partager ou à répondre à ce mail avec vos questions.
Et si quelqu’un dans votre entourage a un portefeuille trop franco-français, faites-lui suivre cette édition.
Et si vous êtes prêt à prendre les choses en main, prenez rendez-vous (call de découverte offert).
Bon week-end et à bientôt,
Pierre Maynial alias Monsieur Capital
Conseiller en Investissement Financier (n° ORIAS : 25006327)
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